De récents rapports scientifiques ont émis l’hypothèse d’un lien entre additifs au phosphate et maladies chroniques. L’ajout de phosphates s’invite aujourd’hui dans un nombre conséquent de produits de nos supermarchés. Si le phosphore demeure un minéral essentiel, une overdose pourrait avoir des effets néfastes au maintien de notre équilibre. Maladies rénales, pathologies neurologiques et cardio-vasculaires… Focus sur un additif controversé qui n’a pas fini de faire parler de lui.
Quelle est l’origine du phosphore ?
Le phosphore est un minéral essentiel indispensable à l’équilibre de notre organisme. On le trouve principalement dans les protéines animales (laitages, viandes et poissons) et certains végétaux (noix, haricots, légumineuses…). Il intervient dans différents domaines, comme le métabolisme osseux, le fonctionnement de nos cellules ou le maintien de notre système nerveux central.
On estime qu’un bon apport journalier est de l’ordre de 550 mg pour une population adulte. Pour autant, l’alimentation industrielle a favorisé l’émergence d’additifs à base de phosphores inorganiques. Bon nombre de produits transformés en contiennent, favorisant une consommation en phosphore deux fois plus importante que dans les années 70. À ce jour, adolescents et adultes consommeraient entre 1000 et 2000 mg de phosphore par jour.
Quelle est l’utilité des phosphates dans l’alimentation ?
Les polyphosphates sont largement sollicités dans l’industrie agro-alimentaire aujourd’hui. Ils présentent un grand nombre de fonctions, comme celui de régulateur d’acidité, d’émulsifiant ou d’humectant pour réduire l’humidité. Ils sont aussi préconisés pour leurs rôles d’agents levants, de stabilisants et d’épaississants.
L’industrie agro-alimentaire leur reconnaît d’autres vertus dans l’élaboration des plats préparés. Les polyphosphates servent en effet à la fabrication des arômes, à la préparation des enzymes et de certains nutriments comme les vitamines et les minéraux.
Les phosphates sont-ils dangereux pour la santé ?
Si le phosphore organique reste bénéfique pour la santé, les additifs présents dans l’alimentation industrielle nous exposent à un seuil beaucoup trop élevé. Loin d’être anodin, cet excès alimentaire serait responsable d’un grand nombre de troubles pathologiques.
En 2012, une étude scientifique allemande alertait l’opinion sur les effets délétères d’une trop forte consommation en phosphore. Une overdose en phosphore pourrait engendrer des maladies rénales, des troubles respiratoires, une faible densité osseuse ou un risque accru de maladies cardio-vasculaires.
Des études scientifiques évoquent même un risque de mortalité précoce chez les personnes atteintes de maladies rénales comme les sujets en bonne santé. Même constat chez les animaux, où l’excès de phosphore implique une calcification des vaisseaux et des reins.
L’Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa) évalue actuellement les dangers des phosphates inorganiques pour notre santé. Jugé comme un dossier de « haute priorité », le rapport prévoit d’être publié à la fin de l’année 2018.
Comment les identifier sur les étiquettes ?
Comme pour tout additif alimentaire, celui-ci doit être mentionné dans la liste des ingrédients présents sur l’emballage de vos produits. Ces derniers sont reconnaissables par la présence d’un code commençant par E, accompagné de 3 chiffres. Il arrive que certains codes soient aussi suivis de leur appellation scientifique.
Dans quels produits les trouve-t-on ?

L’E 338, E 339, E 340, E 341 et E 343 sont des acidifiants que l’on retrouve essentiellement dans les sodas ou certains laitages. Ils sont également indissociables du phénomène de « malbouffe » particulièrement présent dans les sociétés occidentales.
Les polyphosphates se retrouvent dans bon nombre de produits transformés courants comme les croque-monsieur, les cordons-bleus ou les pizzas. Ils correspondent dans l’ordre aux acides phosphoriques, phosphates de sodium, phosphates de potassium, phosphates de calcium et phosphates de magnésium.
Les E 450, E 451 et E 452 indiquent respectivement les diphosphates, les triphosphates et les polyphosphates. On les retrouve aussi dans certains produits comme les fromages à tartiner ou certaines charcuterie, pour rectifier leur texture.
Notons que les polyphosphates sont omniprésents aujourd’hui dans les produits agro-alimentaires. Par conséquent, certaines chaînes de restauration rapide y ont largement recours dans la préparation de leur menu. Les sodas, les nuggets de poulet ou encore certains fromages fondus en contiennent aussi en quantités très élevées.
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Face à l’omniprésence des phosphates, la mise en place d’une alimentation plus saine sera indispensable pour parvenir à les éviter. Notons que ces additifs néfastes sont entièrement exclus de l’alimentation biologique. Par conséquent, il s’agira de revenir à une alimentation la plus simple possible, de préférence locale et biologique.