Le TDAH ou trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité concernerait 7 % de la population mondiale environ. Particulièrement présente chez l’enfant, un traitement dérivé de l’amphétamine est aujourd’hui majoritairement prescrit. Abus ou véritable fléau ? Dans quelle mesure ce trouble comportemental est-il bien pris en charge ?
TDAH : quelle cadre et enjeux en France et dans le monde
Le TDAH a été officialisé en 1987 lors d’un congrès de l’Association Psychiatrique Américaine. Il y a 30 ans, un remède fut très vite mis en place pour traiter les enfants concernés : le Méthylphénidate (MPH). Depuis, le nombre d’enfants diagnostiqués et mis sous traitement n’a cessé d’augmenter dans le monde.
Le TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité) désigne un trouble mental fréquent pendant l’enfance et l’adolescence. Notons que le diagnostic d’un TDAH ne repose sur aucun marqueur biologique. Pour l’identifier, les médecins évaluent certains symptômes comme un déficit de l’attention associé ou non à de l’hyperactivité.
Les conséquences du TDAH
Un TDAH impacte considérablement la vie sociale, familiale ou scolaire de l’enfant ou l’adolescent. Les enfants concernés présentent des perturbations majeures dans l’apprentissage scolaire et la vie collective. Notons que d’autres troubles peuvent aussi être associés, comprenant :
- le retard de parole ;
- la dyslexie ;
- le trouble du sommeil ;
- l’énurésie ;
- l’anxiété;
- les tics.
Le trouble déficit de l’attention se caractérise selon 3 axes définis : l’hyperactivité, l’impulsivité et l’inattention.
Quand on parle d’inattention, on désigne les enfants sujets à des problèmes de concentration sur des tâches fastidieuses. Cet aspect se traduit notamment dans le cadre des obligations scolaires (devoirs, examen, apprentissage).
L’hyperactivité désigne un enfant agité, qui ne parvient jamais à rester en place. L’impulsivité évoque davantage des gestes brusques ou un ensemble de tâches quotidiennes bâclées. Un enfant hyperactif est généralement perçu comme un enfant particulièrement pénible ou “mal élevé”.
La prévalence du TDAH
La prévalence de ce trouble du comportement varie considérablement d’un pays à un autre. Aujourd’hui en France, près de 4 % des enfants seraient atteints d’un TDAH pour 10 % aux États-Unis. Des études épidémiologiques évoquent un taux de prévalence de 5,29 % dans le monde. Ce taux reste également supérieur chez les garçons tout comme chez les enfants de moins de 12 ans.
Le taux de prévalence dépend aussi de différents critères, à commencer par le mode de diagnostic employé. L’ensemble des données récoltées traduisent toutefois une fracture d’ordre géographique. L’Amérique du Nord et l’Europe sont particulièrement touchées. Le Moyen-Orient et l’Afrique présentent quant à eux des taux nettement inférieurs.
Une dangereuse évolution des prescriptions médicamenteuses
Des conditions de prescription discutables
Les recommandations concernant la prise en charge du TDAH varient d’un pays à un autre. Toutefois, la hausse de la prescription de Méthylphénidate (MPH) dans le monde ne cesse de faire débat auprès des autorités scientifiques.
Il faut dire que ce médicament présente aujourd’hui un certain nombre d’études controversées. Selon certaines enquêtes américaines, une médication au Méthylphénidate (MPH) chez les enfants n’agirait qu’à très court terme. Un traitement psychotrope à long terme présenterait aussi des effets secondaires non négligeables.
L’ANSM (Agence nationale du médicament) a effectivement recensé une liste d’effets indésirables préoccupants. On cite par exemple :
- le trouble du sommeil ;
- l’amaigrissement ;
- le passage à l’acte violent ;
- les pensées suicidaires ;
- les céphalées ;
- les maladies cérébro-vasculaires ou cardiaques.
À l’issue de ce constat, la hausse des prescriptions ces dernières années a de quoi inquiéter. D’autant plus si les conditions de prescription de cette molécule ne sont pas respectées.
L’évolution de la prescription doit en effet s’effectuer par des professionnels dans un milieu hospitalier. Parmi les autres obligations réglementaires de prescription, celle-ci implique une ordonnance sécurisée et une identification du pharmacien délivrant la molécule.
Une étude de recherche menée sur la base de données de la Sécurité sociale est formelle : la consommation de MPH aurait doublé (+ 56 %) entre 2010 et 2019. Un rapport de l’ANSM montre également une prévalence de la prescription de + 63 % chez les enfants de 6 à 11 ans. Pire encore, les études montrent un allongement des durées de traitement ainsi que des conditions de prescriptions bafouées.
Depuis septembre 2021, la HAS a notamment décidé la fin de la prescription initiale hospitalière (PIH) qui garantissait jusqu’alors un véritable suivi pour l’enfant. Une prescription hors cadre réglementaire de la HAS peut se révéler nuisible à l’enfant (notamment si on associe le MPH à un autre médicament psychotrope type anxiolytique ou neuroleptique.)
Des disparités démographiques et sociales
L’étude révèle également des disparités démographiques et sociales dans la prescription de psychostimulants. Le système scolaire favorise une augmentation des prescriptions chez les enfants d’une même classe nés en décembre plutôt que janvier. Or, une simple immaturité en lien avec l’âge serait injustement considérée comme un symptôme de TDAH.
Il en va de même pour les enfants issus de milieux sociaux défavorisés. Une étude montre un risque de médication plus élevé chez les enfants bénéficiant de la CMU (couverture maladie universelle).
Ces enfants sont en effet plus vulnérables à certaines problématiques liées au logement, au chômage ou à l’alphabétisation (un ensemble de difficultés sociales qui favoriserait un lien excessif avec le TDAH).
En 2020, le psychanalyste et chercheur de l’Université Rouen Normandie Sébastien Ponnou tirait la sonnette d’alarme. L’épidémie de TDAH en France n’aurait pas lieu et ne concernerait en réalité qu’une poignée de nos enfants (0,3 %). Des conflits d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique pourraient également expliquer une augmentation significative des prescriptions.
Même si le sujet divise, bon nombre de médecins s’accordent à dire que la médication doit seulement faire office d’exception. Dans le même temps, des études indépendantes ne cessent de préconiser d’autres pistes de prise en charge.
C’est le cas de nouvelles recherches qui révèlent un intérêt des acides gras essentiels et des antioxydants pour lutter contre le TDAH. Dans le même temps, d’autres habitudes de vie pourraient fortement aider les malades : c’est le cas d’une pratique sportive régulière, d’un régime alimentaire sain et d’une diminution drastique de l’exposition aux écrans.
Source : https://www.em-consulte.com/article/1501479/la-prescription-de-methylphenidate-chez-l-enfant-e